Dans notre emploi du temps du second semestre, tous nos cours sont concentrés sur deux jours.
Enfin, tout, ce n'est toujours que 4 cours, ou 10h de cours au plus haut tarif, c'est-à-dire quand certains cours de 2h se transforment en cours de 3h, ce qui arrive quand-même assez rarement.
Ca paraît pas bien méchant, comme ça, 10 heures, 4 cours, 2 jours...Mais le problème en concentrant le tout sur deux uniques petits jours, c'est que ça nous donne des journées avec cours le matin, et cours l'après-midi. Je vous assure, c'est pas aussi simple qu'on le pense.
Enfin, ceux qui ne sont pas sortis de ce système qu'on nous impose dès la maternelle me diront "wa, l'autre! [imitent ma voix] bouh, j'ai cours le matin et l'après-midi, trop dur-han! ". Ouais, mais si. De toutes façons, je ne finis pas mes phrases en "-han", donc rien qu'à l'imitation, t'as tout faux. J'ai raison, et en plus, j'ai des seins, alors tu fermes ta gueule*.

Déjà, ça veut généralement dire que la journée commence tôt. Surtout quand on croit qu'on a cours à 9h alors que le cours n'est finalement qu'à 10h. J'ai honte. J'aurais pu dormir une heure de plus et déjeuner tranquillement. J'aurais même pu éviter la pluie si la météo s'est un peu calmée depuis tout-à-l'heure, mais ça, je sais pas, dans les salles informatiques de la fac depuis lesquelles je tue une heure perdue de mon temps précieux, les rideaux sont tirés, on voit pas le temps qu'il fait**. Bon, la pluie, ce matin, c'était presque comme en Angleterre, je suis trempée jusqu'aux os, mon sac est une flaque, mon parapluie se noie dans son propre bain, mon pantalon est crasseux jusqu'au genoux, c'est dégueulasse, ça me fout de mauvaise humeur. En plus, la pluie est glaciale, on croirait se prendre des glaçons en train de fondre en pleine gueule. Même pas capable de se transformer dignement en neige.

A vrai dire, la pluie, c'est pas le pire. Ca arrive, je peux comprendre. On va dire que c'est Dieu qui pleure. Ou qui fait pipi. Ca arrive le matin, comme ça pourrait arriver le soir, on va pas mettre ça sur le compte de ma mauvaise humeur au saut de lit. Y a même des moments où j'apprécie qu'il pleuve à torrents, en fait. Par exemple, quand je suis devant la télé avec un chocolat chaud, ou sous ma couette avec un bon bouquin. Mais je m'éloigne.

Bon ... Matin. Tôt. Je hais les réveils. Ca m'agresse. Surtout à 7h15. Il fait nuit. Il fait froid. Surtout en-dehors de la couette. J'ai les yeux collés. A la limite, je pourrais me consoler devant un bon petit-déjeuner.... mais à cette heure-ci, tout le monde n'a pas encore délaissé la maison comme j'en ai l'habitude, et je me retrouve confrontée à la vie de famille dès le petit matin.

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Ma mère : - Tu manges où à midi, Clémence?
Moi [putain, laisse moi me lever, ok?] : - mmh.. midi?... alafac....
Ma mère : - D'accord, donc le jeudi, tu manges à la fac? C'est comme ça chaque semaine?
Moi [chaque semaine, chaque semaine, nianiania, je planifie pas tout comme ça moi! Mon lit, je veux mon lit, s'il vous plait... ] : - euh bah ouais, j'ai cours toute la journée, le jeudi.
Ma mère : - Bon, et quels jours tu manges à la maison?
Moi [Quoi, c'est pas aujourd'hui! qu'est-ce qu'elle me veut, alors? bordel, j'ai même pas encore eu le temps de me faire mon thé que je suis déjà morte sous ces agressions de questions... Gimme a break.....] : ...
Ma mère : - Bah pour que je puisse m'organiser, tu sais. Que je prévois des choses à manger, que j'achète des plats surgelés, etc...
Moi [maintenant, tu fermes ta gueule, et tu me laisses profiter tranquillement de mon petit-dèj en tête à tête avec mon bol] : - Bon, maman, on pourra pas voir ça un autre jour? Et pis, je te rappelle que je sais me faire à manger. Non, non, je t'assure, je ne me laisserais pas mourir de faim. Je peux carrément aller manger en ville si je ne trouve pas même un paquet de pâtes dans un placard. Ou pire encore, je crois que je serais capable d'aller faire quelques courses et de partir sans avoir besoin de les voler! [en vrai, le matin, je suis un peu incapable de dire tout ça, et surtout, j'ai trop la flemme ... mais c'est ce que veut dire mon regard.]
Ma mère : - Bon, bah je dois y aller, moi! Bonne journée!

Mon père : - Ah! Bonjour Clémence! Comment vas-tu?
Moi [qu'est-ce qu'il me veut, lui?] : - Mouai mouai, bonjour, ça va.
Mon père : -Bah tu mets pas la radio?
Moi [aaah, nan, pas les infos au ptit-dèj, je vous en supplie.... du calme, j'ai besoin de calme. Silence.] : mnngrph.
La radio : Blablablablabla des infos qui mettent pas de bonne humeur blablabla et que ça fait du bruit blablablabla et en plus ça parle d'hôpitaux.
Mon père : - Ah oui, ils ont tout à fait raison! Faut arrêter de se foutre de la gueule du personnel hospitalier! Ces énarques, tous des branquignoles! Je l'ai toujours dit!
Moi [NAN, Naaaaan, je t'en supplie, j'avais dit PAS de commentaires le matin! PAS!] : gngnnn...
Mon père : - Qu'est-ce qu'il y a, Clémence, tu n'es pas d'accord avec moi? Parce que si tu voyais comme ils gèrent l'hôpital, c'est vraiment catastrophique! On s'oriente de plus en plus vers un système anglosaxon d'offre et de la demande! On est mal barrés, hein, vraiment mal barrés! Tu en penses quoi, toi?
Moi [Mais ferme ta gueule, FERME ta gueule!] : - Ouais, mais tu vois, le matin, j'ai pas trop envie de jouer à Ripostes.
Mon père, et ça continue, et ça continue, et ça continue. Et la radio aussi. Et les infos aussi.


Sans caricaturer.
En fait, même, ça paraît moins pire à l'écrit.



* apparemment, parmi la gente intellectuelle masculine, l'argument "j'ai des seins" est largement reconnu comme preuve indéniable que l'on ne peut pas avoir tort. C'est pas moi qui le dit, mais je veux bien.
** confirmation d'après début de rédaction : il pleuvait moins à 9h50 qu'à 8h50. En plus d'avoir pu dormir plus, j'aurais pu moins souffrir....