Tea-time, grains de sel et sucre roux

A ne pas mélanger, le résultat serait plutôt imbuvable. Par contre, moi, je ne vais pas me priver de passer d'une chose à l'autre si ça m'amuse... comme du coq à l'âne par exemple. Ou whatever.

05 juillet, 2009

24 + 24 = 48; + 12 = 60; / 2 = 30; x 3 = 90

Devant l'insistance de mes lecteurs, que je compte à présent au nombre significatif de un, je me trouve dans la même obligation que connaissent tous les grands écrivains de satisfaire leur public; et j'accepte, donc, de vous livrer un nouvel article bloggeux.

Cette petite introduction un peu pompeuse ne vous explique pas vraiment le titre mathématique. Qu'est-ce que je fais avec des chiffres, moi ? (qui sont des nombres, d'ailleurs, patate)

Bon, j'ai eu 24 ans il y a maintenant presque 2 mois. J'ai jamais trop aimé les âges paires. Soit; mais celui-ci est tout de même le dernier âge version - de 25 ans. Je devrais lui porter un culte spécial. Alors je sais pas vraiment si c'est lié ou pas, mais ça fait bien un mois que le sujet "on se fait vieux" devient récurrent dans mes conversations.

Bon (bis), les réflexions du genre "on vieillit, c'est dingue ! ", c'est tout aussi ridicule à 24 ans qu'à 16. Mais quand-même. Depuis quelques semaines, je prends peu à peu conscience que je me rapproche dangereusement de la trentaine, que je m'éloigne tout aussi vite de mon passage à la majorité et de ce qui allait avec, des pommes, des poires, et des scoubidou bidou wa. C'est pas juste pour paraître adulte et pour blâmer les sales jeunes tectonik élevés à msn et nés le portable à la main de tous les malheurs du monde, pas plus que pour me sentir mature et responsable. C'est juste que hier, j'avais 19 ans, et paf, je me retrouve la veille de ne plus pouvoir passer en tarif jeunes.

Autant d'années séparent les enfants du groupe de grands des animateurs bacheliers, que d'années qui séparent les animateurs bacheliers que moi.
Mon dieu.
Ils sont jeunes !

Comme je discutais philosophiquement avec Barbara Spoutine le week-end dernier sous le soleil made in Normandie, autant d'années nous séparent du bac que de notre gâteau d'anniversaire à 30 bougies.
Ça pourrait très bien nous inquiéter, comme les cyniques qui, conscients de la futilité et de la précarité de toute chose, deviennent blasés du monde. Alors qu'au final, cynisme et pessimisme, ça permet d'apprécier chaque chose bien plus que tout. Nietzsche m'aura bien appris quelque chose (tiens, un nom que mes collègues de 18 ans, qui ne savent même pas écrire cuiller et pictionnary, doivent probablement associer à la 2nde Guerre Mondiale, ou à l'invention de l'imprimerie, ou encore à la musique classique, là, celle qu'on joue avec du violon en noir et blanc et des chanteuses obèses).
Ou alors, devant ce gouffre qui nous sépare, ça peut plutôt nous rassurer. C'est vrai quoi, je savais peut-être écrire cuiller, mais j'en étais sans doute pas moins gamine, à leur âge. Et sans m'en rendre vraiment compte, sans chercher plus à grandir qu'à me faire plaisir, j'ai quand même posé un peu les bases de ma vie aux bases de ma vingtaine, et la suite m'attend, et j'ai le temps de l'attendre, et j'ai le temps de suivre.

La preuve que je grandis : j'envoie même plus chier ma conscience à tout va. J'essaie de vivre avec, et c'est pas encore très simple.

D'aucuns se marient, d'autres portent des bébés, d'autres encore osent les mettre au monde (!!!!!). J'ai pas toujours l'impression de réussir à suivre. Mais j'ai bien suivi jusque là, je devrais bien réussir à m'accrocher, à suivre, à prendre du retard, à le rattraper, et à débarquer à 90 ans heureuse de ma vingtaine. Si j'y arrive, bien sûr.

Comme c'est parti, à 50 ans, soit je me retrouve en mini-jupe +chapeau de cowgirl + blouson à franges à traverser les USA sur ma Harley en m'arrêtant dans chaque motel délabré, soit je me fais éleveuse de chèvres dans l'Afghanistan de l'Est, soit ... bah je sais pas, j'ose même pas imaginer.

Sans rancune, vieux con, on se retrouvera à pleurer sur la tombe de Julien Lepers dentier à la bouche et canne à la main !